LES OPERATIONS DE POLICE



Opération de police
Une opération de police c'est l'interpellation et l'arrestation de masse de personnes prises au hasard sur la voie publique ou visant une population particulière. Pour garantir le succès de l'opération les organisateurs comptent particulièrement sur l'effet de surprise afin de limiter au maximum les possibilités de s'y échapper.
Pendant la seconde guerre mondiale, on attribue le nom de rafle aux vagues d'arrestations organisées par les polices françaises et allemandes.
source : Wikipédia

C'est la situation politique sur un secteur géographique qui provoque une opération de police : une suite d'attentat contre les intérets et la sécurité de l'armée d'occupation, une suite d'attentat contre des français collaborateurs ou indicateurs, une suite de sabotages, des renseignements obtenus à la suite d'arrestations.

En dehors des militaires allemands chargés d'encercler le secteur il y a :
- les gendarmes français, deux d'entre eux connus pour leur haine des Résistants le lieutenant Flambard de la brigade de Guingamp et l'adjudant Prigent de la brigade de Callac,
- les inspecteurs de police en civil en particulier ceux de la SPAC (Section de Protection Anti Communiste), dont l'inspecteur de Police de Sûreté Pierre Le Chanu (voir plus bas), Robert Lanoë et Alexandre Guintini tous les deux inspecteurs de Police de Rennes (Ille-et-Vilaine), Paturel, Charpentier...
- les indicateurs français à la solde des Allemands,
- dans certains cas des miliciens autonomistes de la Bezen Perrot, portant le même uniforme que les Allemands qui se font remarquer par leur extrême brutalité, parlant breton ils s'infiltrèrent dans des groupes de Résistants et firent des dégats considérables.
- dans un cas un membre du kommando de Landerneau (Finistère), bande de tueurs au service des Allemands.

Dans presque toutes les grandes opérations de police on retrouve le sinistre SS Rudolf de Saint-Brieuc (1).

(1) Il fut sans hésitation le plus grand criminel de guerre du département, Rudolf Kiekhaefer, né le 24 novembre 1911 à Kammin province de Poménarie en Pologne, marié, un fils, secrétaire d'administration, membre de la SS depuis 1933. Chef de la sûreté allemande de Saint-Brieuc. Il était présent lors de pratiquement toutes les opérations de police ou rafles, responsable de la mort de plusieurs dizaines de Résistants.


Le déroulement d'une opération de police
Des forces militaires sont rassemblées parfois en très grand nombres, plusieurs centaines venues en camion mais parfois en train.
Tôt le matin, bien souvent un dimanche, le secteur ciblé est entouré d'un cordon ou d'un double cordon, les militaires étant espacés de quelques dizaines de mètres au maximum.
Pour avoir interrogé des personnes ayant vécu ces opérations toutes sont unanimes à dire : "il y en avait partout".
Bien souvent dans les villes il est fait appel au crieur public pour annoncer l'opération, comme à Callac :
A 6 heures, ordre est donné à Job (Joseph) POULLEN, (mort par la suite en déportation) tambour-afficheur d'annoncer :
"Tous les hommes âgés de plus de 16 ans, sauf les malades et infirmes ont à se réunir devant la mairie avant 8 heures pour un contrôle d'identité.
Tout homme n'ayant pas obéi à cet ordre sera fusillé et toute maison qui opposera la moindre résistance sera détruite par explosifs."
C'est à partir d'une liste de noms que les Allemands effectuent un premier contrôle.
Après s'être rassemblées, les personnes raflées subissent une fouille au corps suivi d'un contrôle d'identité puis un tri est effectué, les personnes suspectes subissent un interrogatoire plus poussé, alors commencent les coups, les humiliations, les menaces, les cris... A Callac dans la salle des fêtes comme à Maël-Pestivien dans l'école publique des Résistants furent martyrisés sur place, les cris étaient entendus de l'extérieur.

Les conséquences des opérations de police
Les personnes non suspectes sont relâchées après bien souvent plusieurs heures voire plusieurs jours, elles resteront marquées par ces heures d'angoise, mais aussi par les brutalités dont elles ont été les témoins.
Les personnes suspectes la plupart sont Résistants. Ils sont emmenés pour être emprisonnés à la maison d'arrêt de Saint-Brieuc dans le quartier réservé aux Allemands, d'où ils sont extraient pour être amenés rue Lamartine à Saint-Brieuc siège de la Gestapo, afin de subir de nouveaux interrogatoires plus poussés durant parfois plusieurs jours. Plusieurs auront la tête plongés dans une baignoire dont l'eau est souillée jusqu'à perdre connaissance. Ils sont martyrisés et bien souvent avouent sous la torture des choses qu'ils n'ont pas commis. Bien peu purent résister à ces traitements inhumains.
Le sort de ces Résistants est soit d'être jugés, condamnés à la peine de mort par un tribunal militaire allemand et fusillés, soit d'être dirigés vers la prison Jacques Cartier de Rennes ou le camp Marguerite avant d'être embarqués dans des trains pour le camp Royalieu de Compiègne (Oise) antichambre de la Déportation en camp de concentration en Allemagne.

Tous ceux qui ont vécu et survécu à une opération de Police seront marqués à vie par l'extrême brutalité avec laquelle les troupes allemandes et leurs supplétifs français se sont comportés. Tous ces crimes sont restés impunis à quelques exceptions près.


Le 17 août 1944
Le Monsieur le commissaire de Saint-Brieuc
A Monsieur le Préfet des Côtes-du-Nord.

Objet :
décès de l'inspecteur de police nationale Le Chanu.

J'ai l'honneur de vous faire part du décès de l'inspecteur de police Le Chanu Pierre affecté à la 13ème brigade de sûreté de Rennes arrêté dans l'après-midi du samedi 5 août par un groupe de patriotes, Le Chanu avait été conduit au commissariat d'où il a été extrait quelques instants plus tard par les mêmes individus qui l'ont conduit près de l'étang de Robien à Saint-Brieuc où il a été abattu à coups de revolver dans la tempe gauche. Gravement blessé l'inspecteur Le Chanu avait été transporté à l'hôpital général de Saint-Brieuc où il devait décéder dans la soirée du même jour des suites de ses blessures. D'après les renseignements qui me sont parvenus on reprocherait à l'inspecteur Le Chanu l'activité dont il fit preuve contre les groupes de résistance depuis sa affectation à la 13ème brigade régionale de sûreté de Rennes.
D'autre part d'après les patriotes l'inspecteur Le Chanu aurait personnellement procédé à l'arrestation de 40 d'entre eux provoquant ainsi la mort de plus d'une vingtaine. Les parents de l'inspecteur Le Chanu habitant Etables ont été avertis par mes soins du décès de leur fils, ils se sont occupés de l'inhumation de ce dernier qui a eu lieu le mercredi 9 août 1944.

sources : Archives Départementales